jeudi, 28 janvier 2021
#Itineraires
ITINERAIRES # 7 La force de caractère
Entretien avec Sandrine Battistella, Consultante au sein du Cabinet Synapses, ancienne Secrétaire Générale d’une filiale du groupe Airbus et conseillère Prud’hommes pour le collège employeur.
1. Si vous deviez définir « la force de caractère » dans l’exercice du management ?
La force de caractère implique de savoir où l’on va, de savoir l’exprimer et défendre son point de vue. Subséquemment, on l’exprime aussi en expliquant où l’on veut emmener les équipes. Il ne s’agit pas d’imposer ni de contraindre, mais de faire adhérer le groupe et avoir la capacité à résister aux pressions pour protéger ses équipes. De la même manière qu’il faut savoir parfois faire l’inverse : résister aux pressions venant des équipes pour protéger l’objectif à atteindre. Un tour de force, c’est le cas de le dire !
Si je m’écarte un peu de la question managériale, il est un élément qui à mon avis développe la force de caractère : le rapport à l’échec. Quoi de plus stérile qu’un échec dont on ne tire rien ? Faire des erreurs, les admettre, tomber et se relever, apprendre au fil des chutes, comprendre et par conséquent grandir !
Dans la culture anglo-saxonne, la capacité à se relever de ses échecs est valorisée comme une preuve de force de caractère. Pour exemple, il est courant de voir sur un CV un essai de création d’entreprise. Même si les affaires n’ont pas fonctionné, si l’expérience a été source d’apprentissage elle est très féconde.
2. Pourquoi cette qualité vous semble nécessaire dans la conduite d’une équipe ?
Le leadership implique la force de caractère, sans elle, les équipes n’ont pas envie de suivre, cela me semble donc indispensable. Il faut un certain courage pour défendre ses opinions, ses prises de position. Un manager qui assume ses responsabilités, qui sait faire preuve de détermination va être capable d’absorber une certaine pression plutôt que de la redescendre sur les équipes.
Et d’une certaine manière, cette force de caractère sécurise les équipes. D’ailleurs, le chef à mon sens assume également les résultats de son équipe. S’il y a des remarques à « encaisser » c’est son lot. Les dysfonctionnements se règlent par la suite, mais il faut quelqu’un pour porter les réalisations collectives.
3. Pour vous, par quoi se traduit concrètement la force de caractère dans le quotidien du manager ?
Concrètement cela peut se traduire par une certaine pugnacité, le courage de défendre une opinion ou une vision. Attention cependant : détermination n’est pas obstination ! Pour moi, cette qualité englobe également d’avoir le courage de reconnaître ses erreurs, de s’excuser.
La capacité à prendre des décisions me semble être un volet important du rôle de chef. Faire des choix, trancher, et aussi renoncer ce qui n’est pas toujours facile. Dans ces moments, la force de caractère est un atout.
4. Pourriez-vous nous partager une anecdote de votre parcours en lien avec la force de caractère ?
Pendant plusieurs années, j’ai été la seule femme du Comité Exécutif d’une filiale d’Airbus. En face de moi, des ingénieurs qui n’avaient pas le même référentiel que moi et avaient parfois des idées réalisables avec une certaine complexité contractuelle ou financière !. J’adoptais alors une posture de conseil en détaillant avec conviction ce qu’il était possible ou non de réaliser. Quand je crois en quelque chose, je le défends avec fermeté. Une fois que j’avais exprimé mon point de vue, j’acceptais la décision qui était prise et je l’appliquais. La force de caractère n’empêche pas la discipline ni le respect de la hiérarchie. Les autres membres du COMEX avaient compris et même apprécié mon fonctionnement.
Puis j’ai changé de manager. Je me suis retrouvée dans le service d’un homme qui n’avait jamais travaillé avec des femmes, les seules femmes qu’il avait eu sous sa responsabilité étaient ses secrétaires. Et pour les appeler…Il hurlait !
Le jour où il a hurlé mon nom au travers d’un couloir, je suis restée dans mon bureau. Il a réitéré , je n’ai pas bougé. Il a fini par arriver, excédé, dans mon bureau en me demandant ce que j’attendais et en me signalant qu’il m’appelait depuis un certain temps. Je lui ai répondu que je ne réagirai jamais à ce type d’interpellations, que pour me contacter, il fallait venir me voir, me téléphoner ou bien m’écrire un mail, mais en aucun cas me hurler dessus. Dès lors, nos relations ont gagné en respect.
La force de caractère s’est aussi se mettre en danger pour défendre ses positions, ses convictions.
5. Qu’est-ce que vous choisiriez si vous deviez « illustrer » la force de caractère ?
Je pense instinctivement à une personne : Simone Veil. Je suis frappée par la capacité de résilience chez cette femme malgré les traumatismes vécus. C’est une femme qui s’est imposée dans un monde d’hommes à une époque où cela n’avait rien d’évident. Pour défendre ses convictions, elle aura affronté tous les obstacles possibles : huées, insultes, campagnes de dénigrement et bien d’autres.
Je terminerai avec cette citation qu’elle nous a laissée : « Les erreurs ne se regrettent pas, elles s’assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. »
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