jeudi, 10 décembre 2020
#Itineraires
ITINERAIRES #1 La Bienveillance
Entretien avec Olivier Lajous, conférencier & consultant en conduite du changement des organisations, ancien Amiral de la Marine Nationale, prix DRH de l’année 2012.
1. Qu’est-ce que la bienveillance pour vous ? Quelle pourrait-être sa définition ?
La bienveillance nous conduit à vouloir le bien de l’autre autant que le sien propre. C’est une capacité d’entrée en relation à l’autre sans jugement ni à priori. Elle ne se décrète pas mais se construit ensemble dans le temps et fait le « pari » de la réciprocité !
Albert Camus écrivait « J’ai connu le pire, c‘est à dire le jugement de l’homme ». La bienveillance au contraire du jugement, rencontre l’autre. A mon sens, la véritable bienveillance n’est pas mièvre, et s’accompagne toujours d’exigence.
2. Pourquoi la bienveillance vous semble nécessaire dans l’exercice du management ?
C’est une clé fondamentale du management ! Quand on mobilise une équipe, il faut la conviction sincère de l’utilité de tous les talents présents. En les reconnaissant, on peut les mettre au service du projet commun. La bienveillance doit être comme un terreau pour faire fleurir les qualités et compétences des personnes. A l’inverse quand on sent sur soi un regard malveillant, on ne peut qu’être fragilisé. Les postures, les mensonges, les non-dits surtout, sont les contraires de la bienveillance.
Pour comprendre l’émotion associée à la malveillance, ramenons cela à la sphère familiale. Quel enfant supporterai de sentir mal aimé, inutile ? Le manager doit savoir prendre en compte les singularités de chacun et ne pas blesser dans leurs émotions les plus fondamentales les hommes et les femmes dont il a la charge.
3. Par quoi se traduit la bienveillance dans l’exercice du management ?
La chose qui me parait essentielle : ne pas rester dans les non-dits. Encore une fois, il n’y a pas de bienveillance sans exigence, y compris l’exigence de vérité, de sincérité. C’est se cacher derrière des postures qui est malveillant. Il faut oser dire sa vision des choses.
La bienveillance invite à trouver des mots justes et les bonnes paroles. La forme est essentielle, mais doit rester sincère. Parfois à trop rechercher le formalisme, on s’éloigne de la sincérité qui est d’autant plus belle quand elle s’adapte aux individus. La forme reste au service du fond, il faut parfois accepter des paroles maladroites et sincères, bien plus bienveillantes que des paroles recherchées mais loin de l’authenticité.
Ensuite, mais seulement ensuite, il y a les conditions de travail, l’organisation des lieux, etc… Mais c’est l’écume des vagues comparé à ce qui est dit plus haut.
4. Avez-vous une expérience personnelle liée à la bienveillance ?
Il y en a une qui m’a marquée. A l’époque, le chef de l’Etat Major de la Marine Nationale – le grand Patron ! - m’a confié le poste de directeur de la communication de la Marine Nationale. Dans cette fonction, j’étais régulièrement interrogé par des journalistes, je faisais office de porte-parole, et j’ai occupé cette fonction avec un principe de sincérité dans mes propos. Mais pour avoir donné mon avis sur certains matériels, certains bateaux, cela a fait pas mal de remous dans la presse et j’ai été vivement critiqué par certains collaborateurs.
J’ai alors reçu un appel du Chef d’Etat Major : « Mon cher Lajous, j’adore votre façon de dire les choses et n’arrêtez pas de le faire. Mais cela vous attirera des ennemis. Alors…Mettez de la couenne. »
J’ai beaucoup aimé cette façon de respecter mon franc-parler, de me dire d’une certaine manière « ne vous laissez pas toucher par ce buzz malveillant », et… dites les choses plus subtilement !
Un souvenir aussi d’une fois ou c’est vous, en tant que chef qui avez exercé cette bienveillance ?
En 1990, je commandais un bateau dans le Pacifique. Dans la Marine, sur ce genre de poste, nous avons des missions diplomatiques, et j’avais un Maître d’Hôtel qui s’occupait des réceptions. Il était jeune, moi aussi, et nous avons développé une relation sympathique. Un jour, je le sens stressé. Je l’interroge et comprends que sa femme va bientôt accoucher, qu’il craint d’être en mer au moment ou son enfant allait arriver. J’ai moi-même connu la tristesse de ne pas être présent pour la naissance de ma fille aînée. Je pouvais organiser le service pour qu’il rentre chez lui au moment de l’accouchement. Je me suis organisé avec le RH du bateau, et le Maître d’Hôtel a pu être présent quand son fils est né. Trente ans après, nous sommes encore en contact et il me remercie encore pour ce geste simple. La bienveillance n’est pas compliquée.
5. Qu’est-ce que vous choisiriez pour « illustrer » la bienveillance ?
J’aime beaucoup cette citation de Mahatma Ghandi
« Personne ne peut me blesser sans ma permission ».
Je pense que tout est là, qu’aussi longtemps qu’un homme est en colère, il est en guerre avec lui-même, avec les autres. Pour moi, il faut faire la paix avec soi pour être bienveillant avec les autres. C’est un chemin.
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